Skip to main content
Read page text
page 1
H LE VENEZUELA BRISÉ PAR LES SANCTIONS – pages 4 et 5 TANGO ET POLITIQUE PAR JEAN-LOUIS MINGALON Page 27. 5,40 € - Mensuel - 28 pages DOSSIER : UKRAINE, L’ENGRENAGE N° 817 - 69e année. Avril 2022 Une élection percutée PAR SERGE HALIMI ALORS même que nombre de bouleversements sont intervenus depuis cinq ans et que la politique du président Emmanuel Macron ne peut se prévaloir d’aucun succès réel, sa reconduction à l’Élysée paraît le scénario le plus probable : l’extrême droite est puissante mais divisée entre deux candidats peu susceptibles de triompher du président sortant ; une bonne part de l’électorat bourgeois et conservateur de la droite est aspirée par M. Macron, à qui se sont déjà ralliés nombre de ses caciques ; enfin, la gauche est trop faible pour s’imposer (1), d’autant que depuis cinq ans les partis qui la composaient vaille que vaille ont conforté des analyses de plus en plus éloignées sur des questions aussi capitales que l’âge du départ à la retraite, la planification économique, la place du nucléaire dans le mix énergétique, les institutions de la Ve République, le fédéralisme européen, l’alliance avec les États-Unis, la guerre en Ukraine… De telles fractures ne sont pas susceptibles de se résorber, même si, le 10 avril prochain, M. Jean-Luc Mélenchon accédait au second tour du scrutin présidentiel, une performance à laquelle aucun autre candidat de cette (ex-)famille politique ne peut prétendre. En tout état de cause, la poursuite de la guerre en Ukraine favorise M. Macron en mobilisant l’attention des Français sur les efforts diplomatiques de leur président (lire l’article pages 22 et 23) plutôt que sur le bilan désolant de son quinquennat. IEV , K GALLERY - VOLOSHYN RALKO VLADA © VLADA RALKO. – De la série « Kyiv Diary » (Journal de Kiev), 2013-2014 Ouvert par une suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), une baisse de celui sur les bénéfices des entreprises et une « réforme » du code du travail favorable au patronat, ponctué par la révolte des « gilets jaunes », qui fut réprimée avec une violence extrême, le mandat de M. Macron s’est conclu avec la présentation de son programme en cas de réélection. Les deux mesures-clés – le report de l’âge du départ à la retraite de 62 à 65 ans et l’obligation faite aux bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) de travailler plus de quinze heures par semaine – signalent un nouveau coup de barre à droite. La première, qui ne répond à aucune urgence financière, va au-delà de ce que réclamaient les employeurs l’année dernière (la retraite à 64 ans). La seconde, présentée par le pouvoir comme « une mesure de justice », leur procurera une main-d’œuvre bon marché ou gratuite, ce qui leur permettra de ne pas augmenter les salaires là où les offres d’emploi peinent à trouver des demandeurs. Et, puisque le retour de l’inflation ne va pas s’accompagner d’une politique de soutien aux salaires, la majorité de la population subira une baisse de son pouvoir d’achat car, si elle se prolonge, la stratégie du « quoi qu’il en coûte » se souciera surtout de préserver les marges des entreprises menacées par une baisse de la demande. Celles du CAC 40 ont dégagé un profit historique de 160 milliards d’euros en 2021. Le contrôle des prix que M. Macron refuse les empêcherait de faire supporter par leurs clients le renchérissement de leurs coûts de transport et du prix des matières premières. Les dividendes de leurs actionnaires en souffriraient, mais cette tragédie n’est peut-être pas celle que l’État a pour obligation d’apaiser en priorité. Un éventuel second mandat de M. Macron comporterait d’autant plus de risques pour les catégories populaires qu’il serait le dernier. Sans la corde de rappel d’une élection, adossé à une nouvelle majorité parlementaire à sa main, le projet libéral de M. Macron – qu’il a dû partiellement différer grâce au mouvement des « gilets jaunes » et à cause de la crise du Covid-19 – ne connaîtrait d’autres obstacles que les chocs brutaux qui s’amplifient. À commencer par la guerre en Ukraine. Nul ne peut encore prendre la pleine mesure des catastrophes nées de l’agression russe. Pour le peuple ukrainien, victime d’une armée prétendant les libérer (3,5 millions d’habitants ont fui le pays et des milliers ont déjà péri). Pour la population russe, à la fois soumise à un régime de plus en plus féroce envers les opposants, à de lourdes pertes militaires sur le front ukrainien et à des sanctions occidentales que double une avalanche d’interdictions et de boycotts frappant indistinctement sportifs, artistes, clients de Mastercard, abonnés à Netflix et… restaurateurs russes à l’étranger. Si l’objectif recherché est de dissocier le «maître du Kremlin » de son peuple, la punition collective n’est pas le moyen d’y parvenir. Les conséquences du désastre ukrainien ne s’arrêtent pas là. Le 14 mars dernier, s’appuyant sur le fait que le blé, dont les deux États actuellement belligérants sont de gros producteurs, fournit une part appréciable des calories consommées par la population de la planète, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), M. António Guterres, a alerté la communauté internationale sur un possible « ouragan de famines et un effondrement du système alimentaire mondial ». La situation est tout aussi sombre sur le front du climat, à la fois parce que la politique de réarmement général en cours va accroître la consommation d’énergie et de matériaux non renouvelables (à elle seule l’armée américaine produit autant de gaz à effet de serre que le Portugal ou la Suède) et parce que la coopération internationale requise par une réduction générale de la production de combustibles fossiles est moins vraisemblable en temps de guerre. (Lire la suite page 21.) (1) Lire notre dossier « Pourquoi la gauche perd », Le Monde diplomatique, janvier 2022. LE TON de la réplique – sec, pour ne pas dire exaspéré – n’a échappé à personne. «Ne vous racontez pas d’histoires ! Cette idée selon laquelle nous allons envoyer [en Ukraine] des équipements offensifs, des avions et des chars… Vous pouvez dire ce que vous voulez, les uns et les autres, cela s’appellerait la troisième guerre mondiale (1).» Le 11 mars 2022, en réfutant vigoureusement les suggestions d’élus et d’experts réclamant une implication plus directe des États-Unis dans le conflit, M. Joseph Biden a fermé la porte à une opposition conventionnelle directe entre Washington et Moscou. Dans le même temps, le président américain a affirmé qu’il assumerait une montée éventuelle aux extrêmes si l’offensive russe en venait à s’étendre au territoire d’un des membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). Une distinction est donc établie entre un espace sanctuarisé, celui de l’Alliance atlantique, et un territoire ukrainien relevant d’une catégorisation géostratégique spécifique. Laquelle, selon Washington, imposera une appréhension fine des rapports de forces entre acteurs opposés sur le terrain, une maîtrise des degrés d’implication opérationnelle de la part des soutiens déclarés de l’Ukraine (en particulier concernant la nature des transferts d’armement opérés au bénéfice de Kiev) et surtout une obligation de réévaluer en permanence les limites de la volonté russe. Avec, en guise d’ob- * Professeur des universités en science politique à la faculté de droit de l’université Jean-Moulin Lyon-III. SOMMAIRE DU DOSSIER Page 9 : Équilibrisme géopolitique, par Martine Bulard. Pages 10 et 11 : Qui sont les faucons de Moscou ?, par Juliette Faure. – Le Kremlin verrouille la liberté d’expression, par Hélène Richard. Pages 12 et 13 : L’Europe face aux dilemmes de la souveraineté, par Anne-Cécile Robert. – La casserole russe, par Renaud Lambert. Pages 14 et 15 : Choc de mémoires et conflit de récits, par Éric Aunoble. – Faut-il applaudir le réarmement allemand ?, par Philippe Leymarie. – Imaginons…, par Benoît Bréville. Pages 16 et 17 : La neutralité, une arme pour la paix, par Philippe Descamps. – Chamboule-tout sur le marché des hydrocarbures, par Akram Belkaïd. Pages 18 et 19 : La menace d’une guerre nucléaire en Europe, suite de l’article d’Olivier Zajec. Page 20 : Le bon artiste…, par Evelyne Pieiller. H SOMMAIRE COMPLET EN PAGE 28 Afrique CFA : 2 400 F CFA, Algérie : 290 DA, Allemagne : 6,00 €, Andorre : 6,00 €, Antilles-Guyane : 5,50 €, Autriche : 6,00 €, Belgique : 5,90 €, Canada : 8,00 $C, Espagne : 6,00 €, États-Unis : 8,95 $US, Grèce : 6,00 €, Hongrie : 2 130 HUF, Irlande : 6,00 €, Italie : 6,00 €, Luxembourg : 5,90 €, Maroc : 35 DH, Pays-Bas : 6,00 €, Portugal cont. : 6,00 €, Réunion : 5,50 €, Royaume-Uni : 5,50 £, Suisse : 8,80 CHF, TOM : 780 XPF, Tunisie : 5,90 DT. La menace d’une guerre nucléaire En annonçant qu’il plaçait sa force de dissuasion en état d’alerte, le président russe Vladimir Poutine a contraint l’ensemble des états-majors à mettre à jour leurs doctrines, le plus souvent héritées de la guerre froide. La certitude de l’annihilation mutuelle – dont l’acronyme en anglais MAD signifie « fou » – ne suffit plus à exclure l'hypothèse de frappes nucléaires tactiques, prétendument limitées. Au risque d’un emballement incontrôlé. PAR OLIVIER ZAJEC * jectif final, la possibilité de ménager une porte de sortie négociée acceptable par les Russes comme par les Ukrainiens. Certains expliquent cette prudence américaine en faisant référence aux propos de M. Vladimir Poutine le 24 février 2022 : « Peu importe qui essaie de se mettre en travers de notre chemin ou (…) de créer des menaces pour notre pays et notre peuple, ils doivent savoir que la Russie répondra immédiatement, et les conséquences seront telles que vous n’en avez jamais vu dans toute votre histoire. » Accompagnés d’une hausse du niveau d’alerte des forces nucléaires russes (« un régime spécial de service de combat »), ces mots renvoient à la catégorie du chantage. Et pourraient donc conduire à juger que la réaction du président des ÉtatsUnis relève, elle, de la reculade. Dès le 27 janvier, dans le New York Times, l’éditorialiste néoconservateur Bret Stephens, appelant à une restauration du concept de « monde libre », avertit : « Le succès de l’agresseur dépend finalement de la reddition psychologique de sa victime (2).» (Lire la suite pages 18 et 19.) (1) Steven Nelson, «That’s called World War III : Biden defends decision not to send jets to Ukraine », New York Post, 11 mars 2022. (2) Bret Stephens, « Bring back the free world », The New York Times International Edition, 27 janvier 2022.

H

LE VENEZUELA BRISÉ PAR LES SANCTIONS – pages 4 et 5

TANGO ET POLITIQUE PAR JEAN-LOUIS MINGALON Page 27.

5,40 € - Mensuel - 28 pages

DOSSIER : UKRAINE, L’ENGRENAGE

N° 817 - 69e année. Avril 2022

Une élection percutée

PAR SERGE HALIMI

ALORS même que nombre de bouleversements sont intervenus depuis cinq ans et que la politique du président Emmanuel Macron ne peut se prévaloir d’aucun succès réel, sa reconduction à l’Élysée paraît le scénario le plus probable : l’extrême droite est puissante mais divisée entre deux candidats peu susceptibles de triompher du président sortant ; une bonne part de l’électorat bourgeois et conservateur de la droite est aspirée par M. Macron, à qui se sont déjà ralliés nombre de ses caciques ; enfin, la gauche est trop faible pour s’imposer (1), d’autant que depuis cinq ans les partis qui la composaient vaille que vaille ont conforté des analyses de plus en plus éloignées sur des questions aussi capitales que l’âge du départ à la retraite, la planification économique, la place du nucléaire dans le mix énergétique, les institutions de la Ve République, le fédéralisme européen, l’alliance avec les États-Unis, la guerre en Ukraine… De telles fractures ne sont pas susceptibles de se résorber, même si, le 10 avril prochain, M. Jean-Luc Mélenchon accédait au second tour du scrutin présidentiel, une performance à laquelle aucun autre candidat de cette (ex-)famille politique ne peut prétendre. En tout état de cause, la poursuite de la guerre en Ukraine favorise M. Macron en mobilisant l’attention des Français sur les efforts diplomatiques de leur président (lire l’article pages 22 et 23) plutôt que sur le bilan désolant de son quinquennat.

IEV

, K

GALLERY

- VOLOSHYN

RALKO

VLADA

©

VLADA RALKO. – De la série « Kyiv Diary » (Journal de Kiev), 2013-2014

Ouvert par une suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), une baisse de celui sur les bénéfices des entreprises et une « réforme » du code du travail favorable au patronat, ponctué par la révolte des « gilets jaunes », qui fut réprimée avec une violence extrême, le mandat de M. Macron s’est conclu avec la présentation de son programme en cas de réélection. Les deux mesures-clés – le report de l’âge du départ à la retraite de 62 à 65 ans et l’obligation faite aux bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) de travailler plus de quinze heures par semaine – signalent un nouveau coup de barre à droite. La première, qui ne répond à aucune urgence financière, va au-delà de ce que réclamaient les employeurs l’année dernière (la retraite à 64 ans). La seconde, présentée par le pouvoir comme « une mesure de justice », leur procurera une main-d’œuvre bon marché ou gratuite, ce qui leur permettra de ne pas augmenter les salaires là où les offres d’emploi peinent à trouver des demandeurs. Et, puisque le retour de l’inflation ne va pas s’accompagner d’une politique de soutien aux salaires, la majorité de la population subira une baisse de son pouvoir d’achat car, si elle se prolonge, la stratégie du « quoi qu’il en coûte » se souciera surtout de préserver les marges des entreprises menacées par une baisse de la demande. Celles du CAC 40 ont dégagé un profit historique de 160 milliards d’euros en 2021. Le contrôle des prix que M. Macron refuse les empêcherait de faire supporter par leurs clients le renchérissement de leurs coûts de transport et du prix des matières premières. Les dividendes de leurs actionnaires en souffriraient, mais cette tragédie n’est peut-être pas celle que l’État a pour obligation d’apaiser en priorité.

Un éventuel second mandat de M. Macron comporterait d’autant plus de risques pour les catégories populaires qu’il serait le dernier. Sans la corde de rappel d’une élection, adossé à une nouvelle majorité parlementaire à sa main, le projet libéral de M. Macron – qu’il a dû partiellement différer grâce au mouvement des « gilets jaunes » et à cause de la crise du Covid-19 – ne connaîtrait d’autres obstacles que les chocs brutaux qui s’amplifient.

À commencer par la guerre en Ukraine. Nul ne peut encore prendre la pleine mesure des catastrophes nées de l’agression russe. Pour le peuple ukrainien, victime d’une armée prétendant les libérer (3,5 millions d’habitants ont fui le pays et des milliers ont déjà péri). Pour la population russe, à la fois soumise à un régime de plus en plus féroce envers les opposants, à de lourdes pertes militaires sur le front ukrainien et à des sanctions occidentales que double une avalanche d’interdictions et de boycotts frappant indistinctement sportifs, artistes, clients de Mastercard, abonnés à Netflix et… restaurateurs russes à l’étranger. Si l’objectif recherché est de dissocier le «maître du Kremlin » de son peuple, la punition collective n’est pas le moyen d’y parvenir.

Les conséquences du désastre ukrainien ne s’arrêtent pas là. Le 14 mars dernier, s’appuyant sur le fait que le blé, dont les deux États actuellement belligérants sont de gros producteurs, fournit une part appréciable des calories consommées par la population de la planète, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), M. António Guterres, a alerté la communauté internationale sur un possible « ouragan de famines et un effondrement du système alimentaire mondial ». La situation est tout aussi sombre sur le front du climat, à la fois parce que la politique de réarmement général en cours va accroître la consommation d’énergie et de matériaux non renouvelables (à elle seule l’armée américaine produit autant de gaz à effet de serre que le Portugal ou la Suède) et parce que la coopération internationale requise par une réduction générale de la production de combustibles fossiles est moins vraisemblable en temps de guerre.

(Lire la suite page 21.)

(1) Lire notre dossier « Pourquoi la gauche perd », Le Monde diplomatique, janvier 2022.

LE TON de la réplique – sec, pour ne pas dire exaspéré – n’a échappé à personne. «Ne vous racontez pas d’histoires ! Cette idée selon laquelle nous allons envoyer [en Ukraine] des équipements offensifs, des avions et des chars… Vous pouvez dire ce que vous voulez, les uns et les autres, cela s’appellerait la troisième guerre mondiale (1).» Le 11 mars 2022, en réfutant vigoureusement les suggestions d’élus et d’experts réclamant une implication plus directe des États-Unis dans le conflit, M. Joseph Biden a fermé la porte à une opposition conventionnelle directe entre Washington et Moscou. Dans le même temps, le président américain a affirmé qu’il assumerait une montée éventuelle aux extrêmes si l’offensive russe en venait à s’étendre au territoire d’un des membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).

Une distinction est donc établie entre un espace sanctuarisé, celui de l’Alliance atlantique, et un territoire ukrainien relevant d’une catégorisation géostratégique spécifique. Laquelle, selon Washington, imposera une appréhension fine des rapports de forces entre acteurs opposés sur le terrain, une maîtrise des degrés d’implication opérationnelle de la part des soutiens déclarés de l’Ukraine (en particulier concernant la nature des transferts d’armement opérés au bénéfice de Kiev) et surtout une obligation de réévaluer en permanence les limites de la volonté russe. Avec, en guise d’ob-

* Professeur des universités en science politique à la faculté de droit de l’université Jean-Moulin Lyon-III.

SOMMAIRE DU DOSSIER Page 9 : Équilibrisme géopolitique,

par Martine Bulard. Pages 10 et 11 : Qui sont les faucons de Moscou ?, par Juliette Faure. – Le Kremlin verrouille la liberté d’expression, par Hélène Richard. Pages 12 et 13 : L’Europe face aux dilemmes de la souveraineté, par Anne-Cécile Robert. – La casserole russe, par Renaud Lambert. Pages 14 et 15 : Choc de mémoires et conflit de récits, par Éric Aunoble. – Faut-il applaudir le réarmement allemand ?, par Philippe Leymarie. – Imaginons…, par Benoît Bréville. Pages 16 et 17 : La neutralité, une arme pour la paix, par Philippe Descamps. – Chamboule-tout sur le marché des hydrocarbures, par Akram Belkaïd. Pages 18 et 19 : La menace d’une guerre nucléaire en Europe, suite de l’article d’Olivier Zajec. Page 20 : Le bon artiste…,

par Evelyne Pieiller.

H SOMMAIRE COMPLET EN PAGE 28

Afrique CFA : 2 400 F CFA, Algérie : 290 DA, Allemagne : 6,00 €, Andorre : 6,00 €, Antilles-Guyane : 5,50 €, Autriche : 6,00 €, Belgique : 5,90 €, Canada : 8,00 $C, Espagne : 6,00 €, États-Unis : 8,95 $US, Grèce : 6,00 €, Hongrie : 2 130 HUF, Irlande : 6,00 €, Italie : 6,00 €, Luxembourg : 5,90 €, Maroc : 35 DH, Pays-Bas : 6,00 €, Portugal cont. : 6,00 €, Réunion : 5,50 €, Royaume-Uni : 5,50 £, Suisse : 8,80 CHF, TOM : 780 XPF, Tunisie : 5,90 DT.

La menace d’une guerre nucléaire

En annonçant qu’il plaçait sa force de dissuasion en état d’alerte, le président russe Vladimir Poutine a contraint l’ensemble des états-majors à mettre à jour leurs doctrines, le plus souvent héritées de la guerre froide. La certitude de l’annihilation mutuelle – dont l’acronyme en anglais MAD signifie « fou » – ne suffit plus à exclure l'hypothèse de frappes nucléaires tactiques, prétendument limitées. Au risque d’un emballement incontrôlé.

PAR OLIVIER ZAJEC *

jectif final, la possibilité de ménager une porte de sortie négociée acceptable par les Russes comme par les Ukrainiens.

Certains expliquent cette prudence américaine en faisant référence aux propos de M. Vladimir Poutine le

24 février 2022 : « Peu importe qui essaie de se mettre en travers de notre chemin ou (…) de créer des menaces pour notre pays et notre peuple, ils doivent savoir que la Russie répondra immédiatement, et les conséquences seront telles que vous n’en avez jamais vu dans toute votre histoire. » Accompagnés d’une hausse du niveau d’alerte des forces nucléaires russes (« un régime spécial de service de combat »), ces mots renvoient à la catégorie du chantage. Et pourraient donc conduire à juger que la réaction du président des ÉtatsUnis relève, elle, de la reculade. Dès le 27 janvier, dans le New York Times, l’éditorialiste néoconservateur Bret Stephens, appelant à une restauration du concept de « monde libre », avertit : « Le succès de l’agresseur dépend finalement de la reddition psychologique de sa victime (2).»

(Lire la suite pages 18 et 19.)

(1) Steven Nelson, «That’s called World War III : Biden defends decision not to send jets to Ukraine », New York Post, 11 mars 2022.

(2) Bret Stephens, « Bring back the free world », The New York Times International Edition, 27 janvier 2022.

My Bookmarks


Skip to main content