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Éditorial 0 Notre couverture présente un portrait de Monique et Jean Paul Barbier-Mueller à Genève en 1998. © abm - archives Barbier-Mueller, Genève. L’élégant portrait de Monique et Jean Paul Barbier-Mueller en couverture de notre édition Printemps renvoie à la vente de cent fleurons de l ’emblématique collection suisse, initiée par Josef Müller il y a cent ans déjà, que Christie’s a annoncée récemment pour le 6 mars prochain à Paris. Outre une occa- sion rêvée pour les amateurs d’enrichir leur collection avec des pièces absolument iconiques pour avoir figuré dans de nombreuses expositions et publications de réfé- rence, cette vente se présente comme un hommage — probablement le dernier d’une telle envergure, comme nous sommes enclins à le penser — à cette famille illustre, dont la contribution au rayonnement des arts d’Afrique et d’Océanie est célébrée dans le premier article de ce numéro. Mais revenons à la photographie en elle-même. Sa force, nous semble-t-il, tient à ce qu’elle offre une image éloquente de ce que vivre avec et pour l ’art peut vouloir dire. On y voit un couple complice, au regard aussi sûr que franc et joyeux, immortalisé dans un espace dont la sobriété se lit comme un signe de sophistication. La place centrale accordée à une figure mabea du Cameroun aux volumes puissants — pièce iconique acquise par Josef Müller en 1939 —, tout comme la présence d’un panneau architectural des mers du Sud, accroché directement au mur, comme le serait la plus saisissante peinture d’avant-garde qui soit, résument de façon magistrale la fascination pour les formes classiques, ainsi que le caractère visionnaire et l ’ouverture d’esprit prédisposant à la découverte et à l ’appréciation du Beau sous toutes ses formes. Ces vies dédiées à la collection d’arts extra-européens nous passionnent. Depuis trente ans déjà — les lecteurs les plus observateurs aurons remarqué le logo anniversaire apposé sur notre couverture, gage de développements commémoratifs dans nos éditions à venir ! —, Tribal Art magazine recherche ces parcours individuels répondant aux motivations et aux goûts les plus variés. Nous mettons un point d’honneur à aller au plus près des personnes et à comprendre l ’évolution de leurs intérêts et de leurs démarches, toujours dans le but de mettre en valeur ces aventures humaines afin que d’autres amateurs s’en inspirent pour continuer à faire croître le domaine. Avec quatre articles s’intéressant à des univers privés, ce numéro Printemps est à ce titre particulièrement riche. Si le cas de la saga Barbier-Mueller permet d’évoquer de paradigme du « collectionneur absolu » — esthète, tout autant qu’érudit et encyclopédique —, l ’article signé par Jennie Rose s’attarde sur le parcours de l ’entrepreneur américain d’origine libanaise Eddie Basha (1937-2013), un parcours en apparence plus modeste mais tout à fait déterminant pour la valorisation des vanneries traditionnelles des cultures de l ’Arizona que Basha collectionnait goulûment. Le témoignage de Didier Hirsch, passionné d’art contemporain chinois et d’art classique africain, illustre, quant à lui, une trajectoire de collection développée sur cinq décennies alliant discipline, analyse et esprit critique. Enfin, sous la plume de Thomas Murray, la figure du collectionneur — en l ’occurrence Mort Golub — se transforme en auteur d’une œuvre artistique singulière inspirée par un goût affi rmé pour les masques himalayens. La diversité est assurée ! Elena Martínez-Jacquet 2
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LUCAS RATTON TEFAF MAASTRICHT 7-14 MARS 2024 GALERIELUCASRATTON 11 RUE BONAPARTE 75006 PARIS ◆ WWW.LUCASRATTON.COM

Éditorial

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Notre couverture présente un portrait de Monique et Jean Paul Barbier-Mueller à Genève en 1998. © abm - archives Barbier-Mueller, Genève.

L’élégant portrait de Monique et Jean Paul Barbier-Mueller en couverture de notre édition Printemps renvoie à la vente de cent fleurons de l ’emblématique collection suisse, initiée par Josef Müller il y a cent ans déjà, que Christie’s a annoncée récemment pour le 6 mars prochain à Paris. Outre une occa- sion rêvée pour les amateurs d’enrichir leur collection avec des pièces absolument iconiques pour avoir figuré dans de nombreuses expositions et publications de réfé- rence, cette vente se présente comme un hommage — probablement le dernier d’une telle envergure, comme nous sommes enclins à le penser — à cette famille illustre, dont la contribution au rayonnement des arts d’Afrique et d’Océanie est célébrée dans le premier article de ce numéro.

Mais revenons à la photographie en elle-même. Sa force, nous semble-t-il, tient à ce qu’elle offre une image éloquente de ce que vivre avec et pour l ’art peut vouloir dire. On y voit un couple complice, au regard aussi sûr que franc et joyeux, immortalisé dans un espace dont la sobriété se lit comme un signe de sophistication. La place centrale accordée à une figure mabea du Cameroun aux volumes puissants — pièce iconique acquise par Josef Müller en 1939 —, tout comme la présence d’un panneau architectural des mers du Sud, accroché directement au mur, comme le serait la plus saisissante peinture d’avant-garde qui soit, résument de façon magistrale la fascination pour les formes classiques, ainsi que le caractère visionnaire et l ’ouverture d’esprit prédisposant à la découverte et à l ’appréciation du Beau sous toutes ses formes.

Ces vies dédiées à la collection d’arts extra-européens nous passionnent. Depuis trente ans déjà — les lecteurs les plus observateurs aurons remarqué le logo anniversaire apposé sur notre couverture, gage de développements commémoratifs dans nos éditions à venir ! —, Tribal Art magazine recherche ces parcours individuels répondant aux motivations et aux goûts les plus variés. Nous mettons un point d’honneur à aller au plus près des personnes et à comprendre l ’évolution de leurs intérêts et de leurs démarches, toujours dans le but de mettre en valeur ces aventures humaines afin que d’autres amateurs s’en inspirent pour continuer à faire croître le domaine.

Avec quatre articles s’intéressant à des univers privés, ce numéro Printemps est à ce titre particulièrement riche. Si le cas de la saga Barbier-Mueller permet d’évoquer de paradigme du « collectionneur absolu » — esthète, tout autant qu’érudit et encyclopédique —, l ’article signé par Jennie Rose s’attarde sur le parcours de l ’entrepreneur américain d’origine libanaise Eddie Basha (1937-2013), un parcours en apparence plus modeste mais tout à fait déterminant pour la valorisation des vanneries traditionnelles des cultures de l ’Arizona que Basha collectionnait goulûment. Le témoignage de Didier Hirsch, passionné d’art contemporain chinois et d’art classique africain, illustre, quant à lui, une trajectoire de collection développée sur cinq décennies alliant discipline, analyse et esprit critique. Enfin, sous la plume de Thomas Murray, la figure du collectionneur — en l ’occurrence Mort Golub — se transforme en auteur d’une œuvre artistique singulière inspirée par un goût affi rmé pour les masques himalayens. La diversité est assurée !

Elena Martínez-Jacquet

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